Journal voyageur pour Nicola Winborn

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carte, "quatre mains" et "art zone" de mon ami Rémy Pénard

mail and call from Janus, Berlin

carte confinée de Danielle Fayet

Je pratique l'art postal depuis des années / I have been practicing mail-art for years

Je pratique l'art postal depuis des années

Je pratique l'art postal depuis des années. Depuis que j'ai environ 17 ans. J'aimerais partager cela avec vous. Je vais donc parler de moi, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, mais l'intention est de parler du mail-art. 

Il y a différentes époques dans mon activité d'art postal. Je vais essayer ici d'en retracer brièvement l'historique.

Première époque : mail-art pour les proches, 1989 - 1999

J'ai commencé à envoyer des enveloppes faites main et des courriers de collages ou de peintures à la fin du lycée, à Angoulême (France). J'écrivais à des filles, à des amis, à des copines, beaucoup. Sans doute comme la littérature, le mail-art commence par des histoires d'amour. Ayant quitté la maison pour m'installer à Marseille, en 1991, pour étudier aux Beaux-Arts, séjournant quelques mois à Berlin en 1994, puis vivant après mes études d'art à Djibouti (Afrique), pendant deux ans (1996-1997), j'ai continué à envoyer des courriers d'art postal, principalement à des amis, à mes parents, à ma sœur, et à des petites amies successives.

Je me souviens avoir vu dans les années 80 une exposition sur le mail-art, appelée "Rotula", je crois. Un courrier voyageait par la poste, chaque destinataire ajoutant un morceau, cousu au précédent, formant un rouleau de courriers, comme on le faisait au Moyen-Age d'abbaye en abbaye. J'ai été impressionné par l'idée et par le résultat.

Si j'échangeais du courrier avec quelques artistes, le mail-art était plutôt ma façon de garder contact avec mes proches.

Deuxième époque : le temps des e-mails, abandon temporaire du mail-art, 1999 - 2012

A mon retour en France en 1997, j'ai acheté un ordinateur, avec scanner et imprimante. J'ai continué à faire du mail-art, en utilisant toujours plus de documents que j'imprimais. Mais, en 1999 - j'habitais alors en région parisienne - j'ai eu ma première connexion Internet à domicile. Comme pour de nombreuses personnes je pense, cela a changé beaucoup de choses dans mes relations avec les gens et avec le monde. J'ai beaucoup utilisé les e-mails, et j'ai adoré ça. Dès le début, j'ai utilisé les mails pour créer des projets d'écriture collective, ce que je continue à faire aujourd'hui. En partie à cause des mails, aussi par manque de disponibilité, parce que je suis devenu père, une fois, deux fois, j'ai été au chômage, j'ai repris des études, je suis devenu aide-soignant... j'ai presque complètement abandonné la pratique du mail-art entre 28 et 40 ans.

Troisième époque : Renaissance du mail-art, depuis 2012

Quelle est la raison de mon retour au mail-art ? Une vie plus calme et plus stable ? Après avoir envoyé des milliers de photos, dont mes cartes de nouvel an, par mail, les matériaux, les papiers, la peinture, l'encre et la colle sur les doigts me manquaient ? L'envie de créer ou de recréer du lien avec l'art et les artistes ? J'ai vraiment ressenti le besoin d'envoyer et de recevoir à nouveau du mail-art. J'ai alors utilisé Internet pour trouver des adresses de mail-artistes, j'ai envoyé des cartes postales de mail-art au hasard, des personnes ont répondu, et ce fut un nouveau départ pour mon activité d'art postal.

Cela s'est évidemment intégré à l'Internationale Écrituriste, que j'avais fondée quelques années auparavant pour promouvoir les liens humains à travers la littérature, la calligraphie, la typographie et la correspondance. Un moment fort a été le projet "Paper to the People" que j'ai mené à l'été 2016. J'ai rassemblés divers papiers vierges envoyés par mes correspondants, je les ai mélangés, reliés et leur ai renvoyés sous forme d'édition de 10 papiers différents. Cela a élargi mon réseau et enrichi les échanges, en quantité, et en qualité ! J'ai créé un blog sur mes activités d'art postal, intitulé "rue des abeilles". Même si je connaissais Dada et Fluxus, dont Robert Filliou, depuis des années, je vis peu à peu le lien entre le mail-art et Fluxus à travers Ray Johnson, que je ne connaissais pas. J'ai postulé sur le site de l'IUOMA, puis sur les nombreuses pages Facebook consacrées au mail-art. J'ai reçu mes premiers "add and pass", et j'ai ajouté et fait passer. 

Si certains mail-artistes avaient peur qu'Internet tue le mail-art, j'ai vécu l'expérience qu'Internet a aidé, soutenu et renforcé le mail-art. Aujourd'hui, le mail-art prend une place importante dans ma vie. C'est une sorte d'addiction. Je ne peux m'empêcher d'imaginer, de créer et d'envoyer des mails et je ne peux envisager de vivre sans recevoir du mail-art dans ma boîte mail.

Jean-Charles Boilevin, Internationale Écrituriste, 12 avril 2020, Montbazon, France

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I have been practicing mail-art for years

I have been practicing mail-art for years. Since I was about 17. I'd like to share it with you. So, I'll talk about me, if you dont't mind, but the point is to talk about mail-art.

There is different epochs in my mail-art activity. I will try to briefly tell the story of it here.

First epoch : mail-art for loved ones, 1989 - 1999

I started sending hand-made enveloppes and collage or painting mails at the end of the high-school in Angoulême (France). I wrote to girls, to friends, to girl-friends, a lot. Probably like literature, mail-art starts with love stories. By leaving home to settle in Marseille, in 1991, to study at the Beaux-Arts, by staying a few months in Berlin in 1994, and by living after my art studies in Djibouti (Africa), for two years (1996-1997), I continued to send mail-art, mainly to friends, my parents, my sister, and successive girlfriends.

I remember seeing in the 80's an exhibition about mail-art, called "Rotula", I guess. A letter traveled by post, each recepient adding a piece, sewing it to the precedent, making a roll of mails, as it was done in the Middle-Age from abbaye to abbaye. I was impressed by the idea and the result.

If I exchanged mail with a few artists, mail-art was rather my way of keeping in touch with my loved ones.

Second epoch : time of e-mails, temporary abandonment of mail-art, 1999 - 2012

When I came back to France in 1997, I bought a computer, with scanner and printer. I continued to practice mail-art, using more documents that I printed. But, in 1999 - I was living near Paris at the time - I had my first Internet connection at home. Like many people I think, this changed a lot of things in my relationships with people and with the world. I used emails a lot, and I loved it. From the start, I used emails to create collective writting projects, which I continue to do today. Partly because of emails, also because of lack of availability, because I became father, once, twice, I was unemployed, I resumed studies, became nurse-assistant... I almost completely gave up the practice of mail art between the ages of 28 and 40. 

Third epoch : Renaissance of mail-art, since 2012

What is the reason of my return to mail-art ? A more quite and more stable life ? After having sent thousands of pictures, including my New Year cards, by e-mails, I missed materials, papers, painting, ink and glue on the fingers ? The desire to create or recreate a link with art and artists ? I really felt the need to send and recieve mail-art again. Then I used Internet to find addresses of mail-artists, I sent mail-art postcards at random, some people answered, and it was a new start for my mail-art activity.

This was obviously integrated into the Internationale Écrituriste, which I had founded a few years ago to promote human connections through literature, calligraphy, typography and correspondence. A highlight was the "Paper to the People" project that I ran in summer of 2016. I collected various blank papers from correspondents, I mixed them up, bound them and sent them back as copies bringing together 10 different papers. This expanded my network and enriched the exchanges, in quantity, and quality ! I created a blog about my mail-art activities, called "rue des abeilles". Even if I knew Dada and Fluxus, including Robert Filliou, for years, I gradually see the link between mail-art and Fluxus through Ray Johnson, whom I didn't know. I applied to IUOMA website, then on the numerous FaceBook pages dedicated to mail-art. I get my first "add and pass"'s, and I added and passed. 

If some mail-artists were afraid that the Internet would kill mail-art, I experienced that the Internet helped, supported and strengthened mail-art. Today, mail-art takes an important place in my life. It is a kind of addiction. I can't help but imagine, create and send emails and I can't imagine living without receiving mail-art in my mailbox. 

Jean-Charles Boilevin, Internationale Écrituriste, 12 avril 2020, Montbazon, France

Michèle Zuccarini, de Belgique, a complété les carnets "4 mains"

Certificat d'aptitude au sport postal délivré par Joël Thépault

un paquet d'add & pass de Moreno Menarin, Iltalie

de Réjean-François Côté, Canada

de Laure, à Noirmoutier